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Mam en Nasion, Marguerite Le Clainche, une coquette devenue révolutionnaire – 1766 / 1830

Hervé OFFREDO / 18ème siècle, 19ème siècle Publié le 30/11/2019

Marguerite Le Clainche est née le 30 mars 1749 à Kersalio de Louis et Jeanne Le Trouher. Elle a eu deux époux : le 10 février 1767, mariage à Plumeliau, avec François PETITCORPS puis mariée le 24 janvier 1774 à Plumeliau, avec Etienne CLEQUIN. A chaque décès des maris nous avons par chance un inventaire où l’on voit sa coquetterie de jeunesse et ses 24 coiffes et beaucoup moins de valeur en habits après le second mariage. Elle fut à Plumeliau la mère des Patriotes, meneuse Républicaine. Elle est morte le 29 avril 1830 à Kersalio aussi, à l’âge de 81 ans.

A leurs époques respectives son arrière-grand-mère, sa grand-mère et sa mère étaient les plus demandées comme marraines à Plumeliau et du côté paternel sa tante (et marraine) et sa grand-mère étaient sages-femmes. Marguerite qui savait lire, écrire et signer est née dans un foyer plutôt confortable. Voici des détails de sa vie.

1 - Deux mariages

Agée de 18 ans, elle a d’abord épousé François Petitcorps de Kermadio, fils de feu François et Marie Le Hir. Les époux signent, elle est décrétée de justice (DDJ) au Gue de L’Isle (novembre 1766). Ce décret présente ses oncles : Henry Le Clainche du Faouët, Louis et Guillaume Le Tohic, Jacques Robic de Kernaut, Méliau Guéhennec de Kerdavy, Etienne Guéguan de Kerédro. Les cousins germains sont Joseph Ezequel de Kermainguy et Méliau Le Hir de La Villeneuve.

François Petitcorps décède à Kersalio, âgé de 19 ans, le 27 juin 1770. Sa mère, Marie Le Hir, et son épouse Marguerite signent. Les scellés sont mis le 1er octobre 1770 et l’inventaire le 24 octobre.

De son premier mariage nait le 29 aout 1770 Marie Mathurine qui ne vivra que 3 ans (décès le 10 août 1773). Le père n’était déjà plus là et le 15 aout 1775 elle enterre cette fille Marie âgée de 3 ans.

Son second mariage est avec Etienne CLEQUIN du Poulfanc. Tous les deux signent. Mariage avec dispense d’affinité par l’Evêque du « 3eme au 3eme, 4eme au 3eme et 3eme au 4eme  » Elle est aussi DDJ du Gue de L’Isle en date du 6 novembre 1773, établi par Louis Gutarnec, greffier, témoin au mariage avec Augustin Bauche bachelier en droit français et canon. Son frère Jean Le Clainche témoin aussi signe. » affinité  » : en théorie cela concerne les parrain et marraine.

Ont comparu : Jean LE CLAINCHE oncle de Kersalio ; Méliau LE GUEHENNEC oncle pour avoir épousé Julienne LE CLAINCHE de Kerdavid ; Yves LE DORZ oncle pour avoir épousé Marguerite LE CLAINCHE de Kerbisquen ; Julien LE DORZ cousin germain de Kerbihan, François LE DORZE cousin germain de Kersalio, les 5 au maternel…etc…

Le 28 novembre 1777 décède son élégante servante domestique, Anne Le Tutour, 18 ans qui avait 33 coiffes et des chemisettes noire et blanche de valeur.

Du second mariage naissent Jean Cléquin le 16 août 1775, le parrain est le beau-père d’Etienne Cléquin et oncle de l’enfant : Louis Le Dorz (on le retrouve ensuite comme priseur pour Marguerite plus tard).

Augustin le 2 juin 1777 dont le parrain est Augustin Beauche devenu licencié en droit entre-temps. Augustin Bauche sera plus tard notaire de la famille.

Pour anecdote Beauche sera Procureur fiscal et le 7 juin 1778 il constate une pendaison (suicide ?) au Gueltas en Plumeliau où il est établi.

Un 3ème enfant arrive : Louis CLEQUIN dont le parrain Louis Le Drogo de Keraron signe.

2 - Inventaire suite au décès de son mari François Le Petitcorps, octobre 1770

Inventaire prisage et estimation des biens, meubles habillement et autres effets mobiliers de cette nature restés après le décès de feu François Le Petitcorps icelluy décède au village de Kersalio en la paroisse de Plumeliau fait à requête de Margueritte Le Clainche sa veuve, cette dernière restant sous l’autorité et le cautionnement de Jeanne Le Trouher sa mère, tutrice de la fille mineure issus de leur mariage et demeurante au dit lieu de Kersalio. Laquelle dit Le Clainche présente nous a présenté pour priser et estimer les dits biens, a fait comparaitre les personnes de Jacques Robic demeurant au village de Guervaut et de Jean Rivallan demeurant au village de Kersalio Couethuhan les deux dits paroisse de Plumeliau, lesquels présents ont promis et jurés devant nous de se bien et fidèlement comporter au fait du dit prisage et au quel acte présent Maître Louis Gustarnec, notaire, faisant pour le greffe de la juridiction du Gue de L’Isle Naizin au resort du siège royal de Ploërmel, sous le distroit de laquelle le dit Petitcorps est décédé, demeurant au bourg paroissial de Naizin, lieu d’exercice de ladite juridiction comme suit ce jour 24 octobre 1770 après midi.

 

Et premier

 

Habillement du défunt 113 L 15 s

– 1 gilet 2 L 10 s

– 1 camisole 1 L 15 s

– 1 camisole de drap delbeuf 15 L

– 1 autre camisole 20 L

– 1 paire de culotte brune 6 L

– 1 autre paire de culotte 3 L

– 1 autre paire de culotte 1 L 10 s

– 1 camisole noire 5 L

– 1 chapeau 6 L

– 1 paire de bas 1 L

– 1 manteau 24 L

– 11 chemises 22 L

– 4 chemises 6 L

 

Habillement de la veuve 138 L 10 s

– 1 jupe et une camisole de drap despayne 36 L

– 1 jupe et une camisole de drap de couleur brune 12 L

– 1 jupe et une camisole noir 15 L

– 1 tablier noir 6 L

– 1 brassière et corselet verte 9 L

– 1 jupe et un tablier de ville 4 L 10

– 2 paires de bas 2 L

– 1 paire de souliers 2 L

– 20 chemises 40 L

– 12 grandes et 12 petites coiffes 12 L

Total 252 L 15 s

– 1 armoire a deux battants 60 L

– 1 fusil 4 L 10 s

– 4 douzaines de planches de châtaigner 15 L

 

Après quoy j’ay en présence desdits priseurs somme ladite Le Clainche de nous déclarer si de leur communauté il ne dépend d’autres meubles et effets que ceux cy devant prises et si de ladite communauté ne dépend pas quelques crédits à son profit d’argent monnoye, a quoy ladite Le Clainche a répondu qu’à sa connaissance il ne dépend point d’autres meubles, ne sachant pas non plus que de la succession de son mary ils dépendent aucun crédit et argent monnoye à son profit et a signé :

Marguerite Le Clainche

 

Lief fait d’un scelle à bande appose sur une armoire a deux battants cy devant prise lequel j’ai trouvé en état et ouverture faite de ladite armoire par le moyen de la clef dont jetois saisi en présence de toutes lesdites parties en icelle armoire s’est trouvé ce qui suit

 

Papiers

– contrat d’acquêt et héritage Noyal-Pontivy 1713 cotte A

– copie d’aveu du même héritage 1720 cotte B

– copie d’acte de ferme Moustoir 1763 cotte C

– copie d’acte de ferme, Naizin consenti par Olivier Petitcorps à Gilles Le Nagard 1767 cotte D

 

Le montant de laquel inventaire s’est trouvé être sauf erreur de calcul la somme de 331 L 15 s.

Desquels meubles habillements papiers et autres effet j’ay charge ladite Le Clainche veuve et tutrice sous l’autorité de contrevenant de sa mère comme dit est pour elle en tenir compte et présenter le tous lorsque requis sera, en quoy elle s’est oblige sur l’obligation de tous ses biens au général présent et future. Ainsy fait et arête sur les lieux sous les seings desdits priseurs et de ladite Le Clainche et le mien susdit notaire sur ce que la dite Le Trouher a déclaré ne savoir signer à sa requête a signé le soussignant.

Jacques Robic ; Jan Rivallan ; Margueritte Le Clainche ; Gustarnec, notaire pour le greffe

3- Inventaire suite au décès de son mari Etienne Cléquin, mars 1782

Inventaire prisage et estimation faite d’autorité de la juridiction du Gue de L’Isle Naizin au resort du siège royal de Ploërmel, des biens, meubles et autres effets mobiliers cy après dénommés tells trouves et relaisses après le décès d’Etienne Cletien (CLEQUIN) en sa demeure qu’il faisait au village de Kersalio en la paroisse de Plumeliau fait à requête de Margueritte Le Clainche sa veuve et tutrice des enfants de leur mariage demeurante au dit lieu de Kersalio audit Plumeliau. Laquelle présente nous a présente pour priser et estimer les dits biens, meubles et autres effets mobiliers cy après dénommés les personnes de Louis Le Dorze et de Guillaume Le Quillere demeurant savoir le dit Le Dorze au bourg paroissial de Plumeliau et le dit Le Quillere au village de Poulfang d’a Haut au dit Plumeliau, lesquels aussi présents ont promis et jures devant nous de se bien et fidèlement comporter au fait de leur présente commission laquelle a été vacquée par nous Maitre Christophe Louis François, notaire, faisant pour le greffe de la juridiction demeurant au bourg paroissial de Naizin, le tout en l’évêché de Vannes, ce jour 21 mars 1782 comme suit :

 

Et premier

– 1 trois pieds 3 L

– 1 chandelier 1 L 10 s

– 1 grand bassin 33 L

– 1 autre moyen bassin 13 L

– 1 autre bassin 1 L 5 s

– 1 autre 7 L 15 s

– 1 autre bassin 7 L

– 1 autre petit bassin 2 L

– 1 chaudron 10 L

– 1 autre chaudron 8 L

– 1 bassin 4 L

– 1 autre bassin 3 L

– 1 autre bassin 2 L 10 s

– 1 passoir a lait derrain 2 L 10

– 18 écuelles de bois avec leurs cuillères 1 L 16 s

– 2 seilles à eaux 2 L 10 s

– 1 casserole 4 L

– 1 autre casserole 2 L 10 s

– 1 marmite 2 L 10 s

– 1 poêle grasse 4 L

– 1 autre petite poêle grasse 1 L 10 s

– 1 petite marmite 2 L

– 1 galettoire avec ses ustensiles 7 L

– 5 rangeots a oreilles 2 L

– 8 pots de terre 16 s (2 s par pot)

– 7 bouteilles de verre 1 L 15 s (5 s par bouteille)

– 3 plats d’étain 3 L

– 3 plats de faillance 1 L 10 s

– ce qu’il y a d’assiettes de faillance 2 L

– 1 douzaine d’assiette d’étain 7 L

– 3 plats de terre 10 s

– ce qu’il y a d’écuelle de terre 12 s

– 3 pots de terre 12 s

– 1 pot de faillance blanc 6 s

– 2 gobelets 4 s

– 1 gobue 3 L

– 1 bout de maroche 12 s

– 5 houettes 3 L

– 2 mauvais râteaux 8 s

– 1 grande fourche 1 L 10 s

– 6 autres moyennes fourches 6 L

– 1 croq a marnis 5 s

– 2 javelots 1 L

– 1 fau à faucher foin 1 L

– 3 faux a glee 2 L 5 s

– 1 enclume et son marteau 1 L 10 s

– 1 barre de fer 1 L 5 s

– ? bèches de fer 4 L 10 s

– 2 jets d’eaux 8 s

– 2 ruches à pattes 5 s

– 1 charlit complet près du feu avec sa couette linceul 36 L

– 1 autre charlit complet 33 L

– 1 banc long cornue au-devant des dits lits 15 L

– 1 petit banc près du feu 1 L

– 1 cheze de bois près du feu 6 L

– La pendule 12 L

 

Dans la chambre

– 1 table close 6 L

– 1 charlit avec sa couette de balle deux linceuls, 1 couverture de laine 45 L

– 1 banc cornue 13 L

– 1 garde-manger 4 L 10 s

– 1 armoire a deux battants a cote du garde-manger fermant à clef 36 L

– 1 autre armoire a deux battants fermants à clef 54 L

– 1 autre armoire a cotte de la porte de la cave 37 L

– 1 autre armoire a deux battants à cotte de l’escalier 50 L

– 1 autre armoire a deux battants à cotte de la porte de la chambre 24 L

– 4 chezes jansees 10 s

– 1 fer à repasser avec ses plaques 3 L

– 36 linceuls 50 L

– 6 nappes de fêtes 3 L

– 2 grandes nappes 2 L

 

Dans la cave

– 24 barriques de cidre avec leurs fux 216 L

– 9 fux de barriques 13 L 10 s

– 2 petits barreaux 1 L 4 s

– 3 rangeots 1 L 4 s

– 1 charnier avec ce qu’il y a de lard 9 L

– 1 rouet à filer 4 L 10 s

– ce qu’il y a de poches tant grandes que petite 6 L

 

Dans le cabinet

– 1 charlit complet avec sa couette de balle deux linceuls et balin 21 L

– au-devant dudit lit un banc cornue 7 L

– 1 autre lit complet 12 L

– 1 banc plat au-devant dudit lit 3 L

– 1 coffre 1 L 10 s

– 1 mee a pate 2 L 10 s

– 1 vieille table 15 s

– 1 dévidoir 5 s

– 1 brosse à dent de fer 12 s

– 2 pessaux avec leurs tables 10 s

 

Dans le grenier

– 1 mesure de demy minot 15 s

– 8 cribles 1 L 4 s

– 2 tamis de crain 10 s

– 1 tamis fin 4 s

– ce qu’il y a de froment 64 L

– 12 minots de mil à 7 L le minot 84 L

– ce qu’il y a de grains de chanvre 6 L

– 1 grand linceul à vanter grain 7 L

– 1 autre linceul à vanter grain 3 L 10 s

– ce qu’il y a de fil cru tant d’etoupe que de chanvre 54 L

– ce qu’il y a de fil blanc 9 L

– ce qu’il y a de chanvre broisse 24 L

– ce qu’il y a d’etoupe 7 L 10 s

 

Et l’heure de la nuit est arrivée nous nous sommes retirés chacun de nous à nos demeures susdites pour prendre nos réfections et couchers le requérant la dite Margueritte Le Clainche veuve Cletin et tutrice avons envoyés la continuation du présent à demain prochain ou nous avons arrêté cette journée sur les lieux sous le seing de la dite Le Clainche et celui du dit le Quillere pour son respect et celui de Pierre Le Gouge à la requête dudit Le Dorze après qu’il a déclaré ne savoir signer de ce interpelle et le mien susdits notaire pour le greffe en vérification les dits jours que devant et signent :

Marguerite Le Clainche – Quillere – Pierre Le Gouge – François, notaire

 

Advenu ce jour 22 mars 1782 les mêmes priseurs que devant avons fait le réquisitoire de la dite Marguerite Le Clainche tutrice procède à la continuation de notre présente commission comme suit,

 

et premier :

– 1 couchette complète 10 L

– 1 autre couchette 4 L

– 1 grand rangeot a oreilles 10 s

– 24 demes de bled noire non frottes 120 L

– 28 minots de seigle 140 L

– ce qu’il y a de seigle non battus 35 L

– 1 pressoir avec toutes ses ustensiles 15 L

– 1 autre pressoir 1 L 10 s

– 1 vieille mee 10 s

– ce qu’il y a de planches et membrures 5 L

– 3 charrues avec une paire de mouelle 12 L

– 1 herze à dents de fer 4 L 10 s

– 1 grande ruche de paille 10 s

– 2 barriques effoncees 1 L 15 s

– 1 mauvais turion ? 8 s

– 6 fléaux à battre 1 L 10 s

– Tout ce qu’il y a de fourches de bois et râteaux 12 s

 

Dans l’écurie

– 1 vieux cheval avec tout son équipage 10 L

– 2 bœufs avec leurs équipages 180 L

– 1 vache noire 42 L

– 1 autre vache 40 L

– 1 autre vache noire 46 L

– 1 autre vache gare blanche 30 L

– 1 vache rouge 25 L 10 s

– 1 autre vache gare blanche 24 L

– 1 cochon 30 L

– 2 autres petits bœufs 72 L

– 1 vache gare rouge 31 L

– 1 génisse rouge 18 L

– 1 autre génisse gare blanche 15 L

– 5 petits vaux 24 L

– 2 chèvres 5 L

– 1 mauvaise couchette dans la petite écurie 10 s

– la moitié de 17 ruches d’abeilles 34 L

– 3 fux de barriques 6 L

– 1 autre petite cuve 15 s

– 1 petit coffre 12 s

– 1 tour a menuisier avec ses ustensiles 1 L 4 s

– 1 meule avec ses ustensiles 3 L

 

Sous lovent

– la meilleure des charrettes ferrées 75 L

– 1 autre charrette ferrée 45 L

– 1 autre charrette ferrée 18 L

– 1 charrette à cheval 24 L

– 1 autre charrette non ferrée 12 L

– 1 autre charrette non ferrée 10 L

– 1 corps de charrette 7 L 10 s

– 5 brouettes 4 L

– 5 brayes et brayons 5 L

– 1 vieille mee avec son mauvais bois 10 s

– 1 pile a lande avec ses scizeaux et mat 5 L

 

Et l’heure de la nuit est arrivée nous nous somment retirés chacun de nous à nos demeures susdites pour prendre nos réfections et couchers la requérante la dite Le Clainche tutrice et avons envoyés la continuation à demain prochain où nous avons arrêté cette journée sur les lieux sous les seings de la dite Le Clainche et celuy du dit Quillere priseur pour leurs respects et celui de Pierre Le Gouge a requête dudit Le Dorze autre priseur après qu’il a déclaré ne savoir signer de ce interpelle et le mien susdits notaire pour le greffe en vérification les dits jours que devant et signent :

Marguerite Le Clainche – Quillere – Pierre Le Gouge – François, notaire

 

Advenu ce jour 23 mars 1782 aux fins de notre renvoyé du jour d’hier ayant les mêmes priseurs que devant avons fait sur le réquisitoire de la dite Le Clainche veuve et tutrice procède à la continuation de notre présente commission comme suit,

 

et premier :

– 3 journaux de seigle ensemence dans le champ nomme Parc Ervaric 56 L 14 s

– 3 autres journaux de seigle ensemence dans le champ nomme Parc Ergoleur Braz 56 L 14 s

– 2 journaux de seigle ensemence dans le champ nomme Parc Nonehinte 37 L 16 s

– 1 journal et demy de froement d’hyver dans le champ de la rabine 28 L 7 s

– 3 journaux de froment ensemence dans le champ nomme Parc Neve 58 L

– 3 autres journaux d’avoine ensemence dans le champ nomme Parc Bras 48 L

– 1 journal d’avoine ensemence dans le champ nomme Parc Ellanu 16 L

 

Lieff faite du scelle appose sur l’armoire non vissie ni alterre en présence de la dite Le Clainche tutrice et les dits priseurs fait l’inventaire de ladite armoire par le moyen de la clef il s’est trouvé les choses cy après, et premier :

Habillement du défunt

Camisole, gilet, chemise, culotte, bas, souliers et chapeaux en totalité 36 L

Habillement de la veuve

4 chemisettes, 3 jupes, 3 tabliers, 12 chemises, 12 coueffe tant grande que petite et souliers, en totalité 50 L

 

Et l’heure de la nuit étant arrivée nous nous sommes retirés chacun de nous à nos demeures susdites et avons envoyés la continuation du présent à lundi prochain la dite Le Clainche tutrice le requérant ou nous avons arrête cette journée sur les lieux sous les seings de la dite Le Clainche tutrice du dit Quillere priseur pour leurs respects et celui de Pierre Le Gouge à la requête dudit Le Dorze autre priseur et le mien sus dits notaire pour le greffe en vérification les dits jours et an que devant :

Marguerite Le Clainche – Quillere – Pierre Le Gouge – François, notaire

 

Advenu ce jour 25 mars 1782 aux fins de notre renvoyé du 23 du dit ayant les mêmes priseurs que devant avons sur le réquisitoire de la dite Le Clainche veuve partis sur le champ pour nous transporter au village de Poulfang au dit Plumeliau à une distance de Kersalio d’environ une lieue et demye pour procéder à l’estimation des terres, paille, marni, engrais et augmentation de la tenue a domaine située au village du Poulfang appartenant au la continuation de notre présente commission commdit feu Etienne Cletien comme suit,

 

et premier :

– Pour 1489 cordes de terre tant sous seigle, froment et chanvre et dans les courtils le tout ensemble 297 L 16 s

– Tout ce qu’il y a de marnis chaude, marnis de feuillache et autres 107 L 9 s

– Tout ce qu’il y a de paille en la dite tenue 84 L

– 91 pommiers 91 L

– le semi du petit jardin 10 L

– 3 auches de pierre, l’une a cote du puis, l’une en la maison principale et l’autre à côte du fourg 15 L

– 321 cordes de terre améliorée au levant du parc Talverne 80 L 5 s

– ce qu’il y a de planches et cloisons faites en la petite maison

– barasseaux et terrasse en la petite maison 18 L

– la haye de pierre au milieu de Parc Talverne 10 L

– Le fourg et pignon de la petite maison battis à neuve 90 L

– le foyer et fourneaux de la petite maison fait à neuve 6 L

– 2 milliers de foin

 

Et l’heure de la nuit est arrivée nous nous somment retirés chacun de nous à nos demeures susdites le requérant la dite Le Clainche veuve Cletien tutrice et avons envoyés la continuation du présent à demain prochain pour l’examen des papiers ou nous avons arrêté cette journée sur les lieux sous le seing de la dite Le Clainche pour son respect et celui du dit Quillere aussy pour luy et celuy de Jacques Vincent Quintin a requête dudit Le Dorze autre priseur et le mien susdits notaire pour le greffe en vérification les dits jours étant devant :

Marguerite Le Clainche – Quillere – François, notaire- Quintin

 

Advenu ce jour 26 mars 1782 aux fins de notre renvoyé du jour d’hier ayant les mêmes priseurs que devant sur le réquisitoire de la dite Marguerite Le Clainche veuve Cletien tutrice procède à la continuation de notre présente commission comme suit,

 

et premier :

Parvenu au trillage des papiers

– du 20.10.1775 Une ferme de 7 ans consentie par Marguerite Le Tutour veuve Jean Le Trouher à feu Etienne CLEQUIN et Marguerite Le Clainche tous de Kersallio en Plumeliau portant de revenu annuel la somme de 180 L, au rapport de Gustarnec, notaire, controlle à Locminé cy A.

– du 28 et 30 novembre, 1er et 2 décembre 1775 Un acte de partage entre r Marguerite Le Tutour et Elizabeth Henrio et Marguerite Le Clainche de Plumeliau, au rapport de Gustarnec, notaire, controlle à Locminé cy B.

– du 3.1.1779 Une quittance consentie par Jeanne Le Trouher au profit de Etienne CLEQUIN et Marguerite Le Clainche sa femme de Plumeliau portant de revenu annuel la somme de 200 L, au rapport de Bauche, notaire, controlle à Pontivy cy C.

– du 9.11.1777 Une quittance consentie par Jeanne Le Trouher au profit de feu Etienne CLEQUIN et Marguerite Le Clainche sa femme de Plumeliau portant de revenu annuel la somme de 200 L, au rapport de Bauche, notaire, controlle à Pontivy cy D.

– du 17.10.1781 Une quittance consentie par Jeanne Le Trouher au profit de feu Etienne CLEQUIN et Marguerite Le Clainche sa femme de Plumeliau, au rapport de Bauche, notaire, controlle à Pontivy cy E.

Et sont tous les meubles et effets cy devant prises et inventories au présent qui se trouvent monter sauf erreur de giste et calcul a la somme de 3657 L 18 s

 

Desquels également que des titres et papiers inventoriés au présent j’ai charge la dite Marguerite Le Clainche veuve et tutrice pour elle en tenir compte d’une moitié à ses dits mineurs toutefois lors et quand repris sera et à qui de justice sera ordonné laquelle a volontairement aupte et sont obligés de le faire sur toutes les obligations de droits et de coutume ainsy fait conclure et arrête sur les lieux audit village de Kersalio en la dite paroisse de Plumeliau sous le seing de la dite Marguerite Le Clainche veuve et tutrice et du dit Quillere priseur pour leurs respects et celuy de Jacques Vincent Quintin a requête dudit Le Dorze autre priseur après qu’il a déclaré ne savoir signer de ce interpelle suivant l’ordonnance et le mien susdits notaire pour le greffe en vérification les dits jours et an que devant :

Marguerite Le Clainche – Quillere – François, notaire- Quintin

 

Lexique

Balin : Tiré du mot Balle signifiant paille, le terme peut désigner une toile grossière utilisé au XVIIIe siècle dans le midi de la France pour cribler le blé, recouvrir des récoltes ou les emballer.

Étoupe : Toile grossière confectionnée avec les déchets des plantes textiles. L’étoupe peut être de chanvre ou de lin.

Giste : du verbe gésir, formule fréquente signifiant « sauf erreur de report

Glé ou glai : une sorte de jonc ou de roseau., d’où faux à glé

Gobue : Sans doute une variante de gobel, gobeau, guobeau, gobault qui était un vase à boire, un verre.

Lieff : autrement dit levée des sceaux

4- La Mère des Patriotes - Mam en Nasion

Elle a embrassé la République et durant la Révolution Française à Plumeliau elle était propagandiste des idées nouvelles d’où surnom de  » Mam en Nasion  » ou  » Mère des Patriotes « .

 

Même si les bonnes sœurs de campagne exerçaient une sorte d’apostolat et si le moment venu tout le crédit dont elles jouissaient fut mis en œuvre pour soutenir la cause des prêtres insermentés elles ne réussirent pas à entrainer toutes les femmes dans le parti de l’opposition. Quelques-unes étaient gagnées aux idées nouvelles et s’en faisaient les propagandistes, entre autres la veuve CLEQUIN, de Kersalio, qui fut surnommée « Mam en nasion » la « Mère des patriotes ». Veuve elle dirigeait sa ferme, elle était instruite et une des rares femmes qui signent avant 1789.

 

Quand Missire Robo fut élu à la Cure de Plumeliau, elle se déclara ouvertement en sa faveur et fut des plus assidues à ses offices. Un moment même, elle se préoccupa de lui trouver un vicaire, et pour en obtenir un, elle adressa aux  » très dignes administrateurs de Vannes  » une pétition contresignée du Cure jureur et sans doute suggérée par lui. Sa demande ne put recevoir satisfaction car le prêtre sur lequel elle comptait, déclara ne plus accepter de poste dorénavant.

 

Lors des révoltes de mars 1793 le presbytère de St Thomas fut mis à sac et ses habitants dispersés. L’un d’eux vint se réfugier à Kersalio et y mourut « recelé » au mois de mai suivant, le 13. Margueritte avait déclaré son décès. Il s’agissait de Jacques Le Coq de Malguenac, un des familiers du Cure constitutionnel Robo. Missire Robo voulait le faire ordonner par l’Evêque Le Masle. Cet homme (sans doute clerc tonsure – après sa signature il met les initiales c.t.)

 

 » Le 14 mai 1793, an II de la R.F. Jacques Le Coq, âgé de 36 ans, au village de Kersalio en Plumeliau, originaire de Malguenac, étant décède hier à 6 h du matin ainsi que l’ont déclaré Marguerite CLEQUIN, âgée de 45 ans et de Méliau Alisse du Bourg, … »

Signe Marguerite Le Clainche et Augustin Mathurin Beauche devenu Officier Civil !

 

Deux ans plus tard, ce fut au tour de la veuve Cléquin d’être en butte à l’hostilité des chouans. Elle a dû se sauver par la fuite et a pu se réfugier à Pontivy, le 21 novembre 1795, sous la protection des troupes Républicaines car cible des Chouans, avait dû fuir sa ferme en laissant tout sur place. Les Chouans lui avaient pris tous ses grains dans la nuit du 20 au 21 novembre 1795.

Auparavant son fils Augustin s’était lui-même échappé avec l’ancien maire de Plumeliau Pierre Guillouzo (qui sera assassiné). Refugiés à Pontivy ils avaient écrits une lettre sommant à la troupe d’aller sauver sa mère (AD 56 L284) :

« Citoyen, nous sommes cinq réfugiés à Pontivy, et vous avez peut-être entendu dire, que nous avons tout perdu nos biens et meubles avec les brigands et si vous ne pouvez pas nous secourir et nous accorder une garnison dans notre commune, nous vous prions au moins de nous accorder un détachement pour aller prendre le reste de nos meubles et de sauver la veuve Cléquin de Kersalio, même de …. qui a tout perdu et qui est caché depuis un mois et nous vous prions de nous écouter avec fidélité et nous vous assurons que vous ne serez pas mal content de nous, et de notre conduite.

Et les trois habitants qui sont venus nous annoncer les nouvelles de Pluméliau, ont déclarés de non savoir signer mais dire la vérité pour tous les autres et nous attestons la chose pour eux et pour nous.

Le 12 An 4e républicain

Signé : Augustin CLEQUIN Guillouzo ex maire  »

 

Elle a dû se réfugier à Pontivy tant que dura la tourmente.

A Baud à la même époque il y avait la  » Mère des Chouans « , la veuve Jeanne Lohezic …

A se demander si elles entendaient parler l’une de l’autre …

5 - Elle décède à un âge avancé

A son enterrement sont Yves Jegouzo, 23 ans de Keraluy St Claude et Mathurin Cléquin, 24 ans du Faouët lesquels ont déclaré que leur aïeule est décédée à 3 h du matin à Kersalio Le Bourg. Etonnemment , par transmission orale, les anciens Jegouzo de ma famille connaissaient son surnom de Mam en Nasion … une petite fiertée qui a survecue au temps !

 

Merci à Maurice Oreal pour les photos d’inventaires.

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